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« Les premiers jalons de l’Union européenne de la santé ont été posés »

INTERVIEW | Véronique Trillet-Lenoir, oncologue, députée européenne au sein de notre délégation, revient sur la présentation par la Commission européenne de son paquet législatif pour renforcer la réponse sanitaire de l’Union européenne, dans le contexte de la Covid-19 et pour le futur.

Les annonces de la Commission vont-elles dans le sens de l'Union européenne de la santé que vous appelez de vos vœux ?

Les premiers jalons de l’Union européenne de la santé ont en effet été posés ! 66 % des citoyens européens demandaient récemment davantage de compétences européennes en matière de gestion de crise, la Commission leur répond aujourd’hui. Cela était également le combat de notre délégation depuis le premier jour de la mandature actuelle et bien entendu depuis le début de la pandémie de la covid-19. 

On a souvent entendu dire que l’Union européenne avait eu du retard à l’allumage pour répondre à cette crise sanitaire inédite. C’est en partie vrai mais n’oublions pas une chose essentielle : les États membres n’avaient pas permis à notre Union d’avoir les compétences nécessaires sur la santé pour agir efficacement dès les premiers jours de l’arrivée du virus sur notre continent. 

Les propositions des eurodéputés Renaissance ont-elles été retenues par la Commission ?

Nos messages semblent avoir été entendus. Le paquet législatif proposé aujourd’hui par la Commission européenne reprend 90 % de nos priorités et de nos demandes, et ce sans changer les Traités. C’est une excellente nouvelle ! 

Parmi les propositions que nous avons soutenues, la Commission a notamment retenu un nouveau règlement sur les menaces transfrontières graves pour la santé afin d’assurer une meilleure coordination des plans nationaux de préparation aux crises ; la possibilité pour l’Union européenne de déclarer une urgence sanitaire et d’adopter des mesures communes le cas échéant ; le renforcement des compétences, du personnel, et des ressources du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA) – l’ECDC pourra adresser des recommandations plus fortes aux États membres, et non plus des orientations techniques comme celles transmises aux professionnels de santé ; ou encore le renforcement des pouvoirs de l’Agence européenne des médicaments en matière de prévention et de gestion des pénuries de médicaments.

Peut-on encore améliorer ces annonces ?

Nous pouvons aller plus loin – et c’est que nous défendrons au niveau de notre délégation lors de l’examen de ce paquet législatif au Parlement européen – sur une extension du mandat de l’ECDC aux maladies non-transmissibles. La Conférence pour l’avenir de l’Europe doit également être un moment phare du débat autour des compétences de l’Union en matière de santé. 

Nous sommes également actifs pour influer les autres textes de la Commission en cours, je pense à la stratégie pharmaceutique, au lancement d’un « BARDA européen » (l’équivalent européen de l’agence américaine pour la recherche et le développement biomédical avancé) et le Plan cancer européen.