Actualités

Comment les députés Renaissance ont gagné la bataille de la solidarité

Des débuts de la pandémie en Europe au projet de relance verte, les députés Renaissance ont eu une influence inédite au Parlement européen. Récit.

IMPULSER LA DYNAMIQUE

Alors que le confinement débute en France et en Belgique à la mi-mars, les députés Renaissance savent que dans cette crise sanitaire d’une ampleur considérable, peu nombreux sont ceux qui attendent le Parlement européen. Et d’ailleurs, pendant que le Conseil, la Commission et la Banque centrale européenne s’activent, les plénières et réunions sont annulées, le Parlement est mis en sommeil. Pourtant, ils en ont la conviction : dans une période où la solidarité européenne est plus que nécessaire, vitale même, les représentants des peuples européens ont un rôle à jouer vis-à-vis des chefs d’État et de Gouvernement de l’Union européenne, celui d’impulser la dynamique.

CRÉER LES INSTRUMENTS DE LA SOLIDARITÉ

Leur obsession ? Eviter que les erreurs de la crise de 2008 et ses conséquences sur la zone euro ne se reproduisent. Pays du Nord et du Sud de l’Europe s’étaient alors opposés sur la question de la solidarité et jamais auparavant l’Union européenne n’avait été à ce point au bord du gouffre. Or pour répondre au mieux aux conséquences socio-économiques du coronavirus, il n’y a pas le choix : il faudra être solidaires ou disparaître. Pour cela, les députés Renaissance défendent un grand instrument de solidarité, les « recovery bonds », c’est-à-dire la capacité d’emprunter de l’argent et donc d’investir pour relancer les économies non plus au niveau d’un seul État mais de toute l’Europe.

EMBARQUER LE GROUPE

Les députés Renaissance produisent alors un premier document de réponse à la crise dont l’objectif est de servir de base à la rédaction d’une proposition de résolution du Parlement européen. Mais pour que ce texte puisse être voté, il faut d’abord convaincre l’ensemble du groupe Renew Europe dont font partie les députés français. Les choses ne sont pas si faciles : les représentants des pays du Nord, même au sein de Renew Europe, restent culturellement opposés aux recovery bonds et la cohésion politique du jeune groupe parlementaire est mise à l’épreuve. Le dialogue et le travail sur les propositions de chacun, du « bazooka économique » espagnol à « l’helicopter money » estonien, renforcent et précisent la solution des recovery bonds. Et c’est bien une majorité claire qui se dégage : Renew Europe va pouvoir proposer aux autres forces politiques du Parlement un document solide et concret.

TROUVER UNE MAJORITÉ

Un compromis est trouvé dans les heures qui suivent avec ls grands groupes du Parlement européen sur la base de ce texte politiquement réaliste, économiquement efficace et juridiquement solide. À l’issue d’une plénière exceptionnelle tenue à distance le 17 avril, les représentants des peuples européens votent à une très large majorité pour cette nouvelle résolution de réponse économique, sanitaire mais aussi de défense de l’état de droit. Des centristes, des socialistes, des conservateurs, des écologistes et mêmes certaines eurosceptiques s’accordent sur un point : l’Europe doit agir et elle doit agir fortement. Les conservateurs allemands et les partis nordiques soutiennent les recovery bonds, ils acceptent que l’Europe lève de la dette. Cette majorité n’inclut pourtant pas les députés français des partis d’opposition qui, par posture ou calcul politicien, ont voté contre le texte ou se sont abstenus. Une faute historique.

CONSTRUIRE L’APRÈS

Depuis, les chefs d’État et de Gouvernement de l’Union européenne ont acté ce principe de solidarité. L’influence des députés Renaissance a été réelle : c’est la résolution votée par le Parlement européen, par sa capacité à proposer des réponses concrètes, qui a participé à convaincre, le 23 avril dernier, le Conseil européen. L’initiative franco-allemande du 18 mai a entériné politiquement cette nouvelle Europe avec une Allemagne prête, enfin, à mutualiser la dette pour davantage d’intégration européenne. Le combat n’est pour autant pas fini : les députés Renaissance se mobilisent pour que la relance historique que s’apprête à lancer l’Europe inclue pleinement la transition vers une économie décarbonée et renforce la souveraineté européenne.