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Comment la France a réussi à préserver le budget de la PAC

RÉCIT | De la première proposition de la Commission européenne jusqu’à l’accord final sur le budget 2021-2027 de l’UE, la France a pesé de tout son poids pour que la PAC soit un instrument plein et entier de notre autonomie stratégique.

L'ABOUTISSEMENT

C’est dans un tweet passé relativement inaperçu, au milieu de l’été, à l’issue d’un Sommet européen qui n’avait attiré l’attention que sur l'importante question du plan de relance européen, qu’Emmanuel Macron confirmait cette information : « Pour nos agriculteurs, l’accord conclu cette nuit permet de protéger leurs revenus durant 7 ans ». Les chefs d’État et de gouvernement s’étaient alors en effet accordés sur le budget de l’Union pour les années 2021-2027, avec une PAC dotée d’un montant de 386 milliards d’euros contre 380 milliards d’euros sur la période 2014-2020. Pour la France, cela représente une quote-part de 62,4 milliards d’euros, soit une quasi-stabilité en euros courants. 

La partie n’était pas gagnée d’avance. En février 2020, les 27 n’avaient pas réussi à s’entendre sur le futur budget de l’UE et bien que le président de la République était parvenu à faire évoluer les négociations dans le sens d’une politique agricole commune renforcée, il déclarait à l’issue du Conseil : « Nous avons obtenu des premières améliorations pour défendre nos paysans mais elles sont à nos yeux encore insuffisantes. Le dialogue et le travail doivent se poursuivre ». Le cœur du problème ? Des conceptions différentes de l’Europe. 

UN LONG COMBAT

En mai 2018, la France et les eurodéputés avait en effet accusé le coup en découvrant la proposition de la Commission européenne pour la PAC, avec une enveloppe de seulement 365 milliards d’euros. Emmanuel Macron avait alors vivement réagi : « ce qui a été proposé aujourd’hui est inacceptable et ne sera pas accepté ». Profitant du Brexit, certains États membres avaient réussi à influencer la Commission pour diminuer le budget de la PAC au-delà du simple retrait du montant de la contribution britannique, semblant dire que les paysans d’Europe devaient supporter seuls le coût de ce départ du Royaume-Uni. 

Il y avait également du côté de la Commission l’idée que pour doter l’Europe de nouvelles politiques répondant aux objectifs climatiques, il fallait rogner sur la PAC et d’autres politiques historiques, comme si les ambitions étaient différentes ou qu’elles manquaient de cohérence. Une position incompréhensible quand on sait que les agriculteurs sont les premières victimes du dérèglement climatique, durement frappés par des nouveaux risques liés à l’augmentation des températures, et qu’ils sont surtout des acteurs incontournables du changement des pratiques pour réussir la transition écologique. Par sa position, la France rappelait une chose essentielle : la PAC n’est pas une politique européenne comme les autres.

AU-DELÀ D'UN BUDGET, UNE VISION

Car la PAC pour Emmanuel Macron, ce n’est pas seulement une question de revenus pour les agriculteurs, c’est aussi l’idée de disposer d’un véritable instrument pour renforcer la souveraineté de Europe. Une vision que nous partageons pleinement. En septembre 2017, dans son discours de la Sorbonne, le chef de l’État déclarait : « Cette nouvelle politique agricole commune, pour ne pas être bureaucratique et injuste, doit être l’instrument de la transition agricole, de notre souveraineté face aux grands défis de la mondialisation. Elle doit redonner une vitalité, une ambition à nos territoires ruraux ».  

L’architecture de la PAC votée par le Parlement européen répond en grande partie à cette ambition française : elle augmente le revenu des agriculteurs européens, elle leur offre une plus grande protection, elle met en place les nécessaires transitions. Elle permet aux Européens de garder confiance dans les aliments et produits qu’ils utilisent au quotidien. Sans le travail acharné de la France pour préserver le budget de la PAC, l’Europe se serait dangereusement affaiblie, les agriculteurs auraient été en grande difficulté, les consommateurs se seraient approvisionnés en denrées de moindre qualité.